La hausse rapide des taux d’intérêt met sous pression le business model du Private Equity
Le secteur du Private Equity et notamment le Capital Risque orienté technologique, en tant que classe d’actifs a connu une période faste durant ces dernières années, promettant des rendements attractifs dans une période de taux négatifs qui de facto atténuait l’attractivité des produits bancaires classiques ou structurés traditionnels.
Il n’est pas faux de constater ce qu’il convient d’appeler un retournement rapide de la situation du secteur avec la disparition des SPAC en tout genre et de la baisse significative des IPO qui représentaient il y a encore quelques mois une porte de sortie synonyme de plus value importantes avec la réalisation de multiple conséquent pour les fonds d’investissement, leurs gérants et les investisseurs finaux.
A ce titre, la faillite de la Banque SVB Silicon Valley Bank, illustre certainement plus les difficultés de (re)financement du secteur et de ses acteurs que les prémisses d’une crise financière classique.
L’augmentation du coût de l’endettement signera certainement bientôt la fin ou en tout l’optimisation des modèles business reposant sur un cash burning récurrent en échange de promesses d’acquisition clients au détriment de la rentabilité voire de génération de revenus, lequel modèle a depuis des années provoqué une bulle spéculative alimentée par les effets de levier de l’ endettement qui ne coûtait rien il y a encore quelques mois.
Ce retour à la réalité des fondamentaux est déjà à l’oeuvre depuis le début de l’année, notamment dans le cadre des valeurs technologiques GAFA pour lesquels il n’y a qu’à se référer aux corrections de trajectoires, notamment les réductions d’effectifs et/ou l’abandon de portefeuilles de projets non générateur de revenus tangibles.
Pour les gérants et les fonds de Private Equity exposés sur le secteur technologique, il y a fort à parier que dans peu de temps, la situation économique permettra de juger sur pièces de la qualité de sélection des valeurs technologiques en portefeuille ou de la qualité d’utilisation des marchés secondaires par ces derniers, permettant ainsi de limiter la “casse” sur les investissements de faible qualité.
Preuve qu’un bon nombre de gérants sont conscients de cette problématique, on voit ainsi s’accroître les rachats secondaires depuis le début de l’année et deviennent majoritaires dans la proportion de type de sortie en 2023.
Les conséquences de ces éléments sont multiples.
Pour l’investisseur final, il y a lieu bien entendu de considérer avec attention toute nouvelle souscription dans le cadre du Private Equity. La hausse des taux ne sera pas de courte durée. La classe d’actifs en fonction de son exposition personnelle n’est bien évidemment pas à exclure d’emblée mais nécessitera des précautions particulières dans la due diligence du gérant. Il conviendra pour les plus fortunés de s’intéresser au marché du secondaire qui là encore pourrait réserver de bonnes affaires.
Pour les gérants et les fonds d’investissement, l’entrée dans un monde où la collecte devient difficile sera une réalité tangible et la gestion du portefeuille de sociétés va requérir de leur part une expertise d’accompagnement essentielle en cette période économique quelque peu incertaine. L’heure ne sera ainsi moins à la réalisation de nouvelles transactions que d’un soutien plus important sur le développement de leurs participations en portefeuille.
Pour les porteurs de projets enfin, la fin de l’argent gratuit ne leur rendra pas la tâche facile, mais permettra de mettre fin aux excès enregistrés ces dernières années par une meilleure évaluation des projets économiques et de leur business model. Enfin, face à la difficulté croissante des sécuriser les levées de fonds, l’essor des fonds de dettes privées ou Private Debt permettra de développer une alternative au financement bancaire traditionnel, à l’instar de ce qui se passe aux Etats Unis.
Rapidly rising interest rates put pressure on the private equity business model
The private equity sector, and in particular technology-oriented venture capital, as an asset class has enjoyed a boom period in recent years, promising attractive returns in a period of negative interest rates which de facto mitigated the attractiveness of traditional banking or structured products.
It is not wrong to note what can be called a rapid reversal of the situation in the sector with the disappearance of SPACs of all kinds and the significant drop in IPOs which, until a few months ago, represented an exit door synonymous with significant capital gains with the realization of substantial multiples for investment funds, their managers and end investors.
In this respect, the bankruptcy of the SVB Silicon Valley Bank certainly illustrates more the difficulties of (re)financing the sector and its actors than the beginnings of a classic financial crisis.
The increase in the cost of debt will certainly signal the end or at least the optimization of business models based on recurring cash burning in exchange for customer acquisition promises at the expense of profitability or even revenue generation, which model has for years provoked a speculative bubble fueled by the leverage effects of debt that cost nothing until a few months ago.
This return to the reality of fundamentals has already been underway since the beginning of the year, particularly in the context of GAFA technology stocks, for which we need only refer to the correction of trajectories, notably headcount reductions and/or the abandonment of portfolios of projects that do not generate tangible revenues.
For private equity managers and funds with exposure to the technology sector, it is likely that the economic situation will soon allow them to judge the quality of the selection of the technology stocks in their portfolios or the quality of their use of secondary markets, thereby limiting the « breakage » of low-quality investments.
Proof that a good number of managers are aware of this problem, we have seen an increase in secondary buyouts since the beginning of the year and they will become the majority of the proportion of exit types in 2023.
The consequences of these elements are multiple.
For the end investor, any new private equity subscription should of course be carefully considered. The rise in interest rates will not be short-lived. The asset class, depending on personal exposure, should obviously not be excluded from the outset, but will require special precautions in the manager’s due diligence. For the wealthy, it will be advisable to take an interest in the secondary market, which could once again offer good deals.
For managers and investment funds, the entry into a world where fundraising is becoming difficult will be a tangible reality and the management of their portfolio companies will require them to provide essential support expertise in these somewhat uncertain economic times. The time will thus be less for the realization of new transactions than for a more important support on the development of their portfolio holdings.
Finally, for project leaders, the end of free money will not make their task any easier, but it will put an end to the excesses of the last few years through a better evaluation of economic projects and their business model. Finally, in the face of the growing difficulty of securing fundraising, the rise of private debt funds will make it possible to develop an alternative to traditional bank financing, following the example of what is happening in the United States.